Langues, dialectes et accents régionaux
À l'origine, deux langues, le goth et le latin, qui ont donné d'un côté le flamand et de l'autre le français, le picard et le wallon. Et maintenant, vingt variations dans les dialectes et au moins cent accents différents. Bref, le flahute et le ch'timi. Si la langue disparaît, l'accent reste. Dunkerque d'abord. Une espèce de titi chantant qui mange les « r » et sent le port. Et à partir d'Armentières, voilà le ch'timi. Ou plutôt les ch'timis. Et mille accents encore. Il y a les accents de Cambrai, et celui de Douai où les magistrats ont des intonations de mineurs. Celui de Lens où l'on joue si bien au « fote-balle » et où hélas les mineurs de moins de dix-huit ans n'ont plus l'accent des mineurs de plus de soixante ans. Et l'accent des gars du Hainaut qui parlent rouchi avec l'accent bien sûr. Et l'accent de Boulogne qui dit si bien la marée, et celui de Calais paradoxalement moins bourgeois que celui d'Arras. Et l'accent de « Beteune » à Béthune.
Lexique Nordiste
- Bourle : jeu qu'on pratiquait dans l'arrière-salle des estaminets et qui consistait à lancer des plateaux de bois sur la terre battue.
- Boves : souterrains ou caves taillés dans la roche calcaire.
- Carbonade : bœuf aux oignons mijotant dans la bière.
- Chicon : légume du Nord, qui, quand il émigre, s'appelle l'endive.
- Ch'timis : les gens du Nord et du Pas-de-Calais. Diminutif d'origine picarde. Ce mot est né dans les tranchées de 14-18.
- Courée : ruelle en cul-de-sac où s'alignent ou s'alignaient les maisons de brique à l'identique des ouvrières et des ouvriers du textile.
- Estaminet : le mot le plus convivial du Nord. Bistrot de là-bas (voir la rubrique ci-dessous).
- Faluche : pain tendre, plat et blanc, presque cuit.
- Moëres : terrains gagnés sur les marais par tout un système de moulins et de canaux et le tout endigué.
- Pannes : tuiles rouges flamandes.
- Terril : en pays minier, montagne de scories après triage du charbon.
- Wassingue (quelquefois loque) : serpillière.
- Waterzoï : bouillabaisse qui parle flamand avec des poissons de mer et picard avec les poissons d'eau douce.
Et bien d'autres...
Estaminets
S'il est un mot qui chante délicieusement aux oreilles des vieux Nordistes, c'est bien le mot estaminet. C'était là qu'on trouvait le boire et la fille. Un espace de libre péché à l'abri du regard, ou avec l'accord « casuistiquement » tacite d'une Église fort morale. Imaginez. Une salle au plancher couvert de sciure, un comptoir en acajou chantourné, couvert de zinc. Des vitres aux verres teintés. Le tout donnant sur une cour longue où traînent encore les palets de métal du jeu de bouchon et quelques plumes du perdant du combat de coqs de la veille. Sous l'auvent, car faute d'arrière-salle, c'est ici que la veille, on a monté le gallodrome improvisé (et on croit entendre les encouragements cruels des coqueleux et des parieurs). Et derrière l'urinoir en épaisse ardoise noire, il y a le pigeonnier car le patron est coulonneux. Estaminet, lieu de mémoire. Les combats de coqs sont presque interdits et la fumée du tabac n'est plus écologiquement correcte. Mais si vous cherchez bien quelque part le long de la frontière, ou le long d'un canal, vous découvrirez peut-être l'un des derniers. Et vous comprendrez alors les lieux de la convivialité vraie. De la convivialité de classe. Car l'estaminet était (est encore, chut...) ce que le pub est à l'Irlande. Un espace de liberté et d'espoir qui accepte toutes les contradictions.
Charitables de Béthune
Un jour de l'an de grâce 1188, deux maréchaux-ferrants, paraît-il à jeun, croient voir le bon saint Éloi, patron des forgerons, qui leur demande d'enterrer dorénavant de manière moins expéditive. Ils fondèrent alors la Compagnie des charitables, chargée d'enfouir dignement tous les défunts. Et depuis lors et jusqu'à aujourd'hui, et ce même aux temps des épidémies, des guerres et des révolutions, on voit les charitables mener à l'église (quand même) et à la sépulture tout ce qui est humain et qui rend l'âme à Béthune et à trois lieues alentour. Et depuis 1188, tous les va-nu-pieds sont mis en terre en grandes pompes. Chaussés pour l'éternité.
Figures du Nord et du Pas-de-Calais
Il faudrait quelque chose d'épais comme une bible ou un bottin pour imprimer tous les personnages illustres sinon célèbres qui ont eu pour berceau le Nord et le Pas-de-Calais ou qui ont œuvré pour les Flandres, Artois et autres Hainaut.
Entre autres : Charles de Gaulle (1890-1970) ; Jean Bart (1650-1702), le plus grand des corsaires français ; Maximilien de Robespierre (1758-1794) ; L'abbé Prévost (1697-1763), auteur du célèbre Manon Lescaut ; Charles Sainte-Beuve (1804-1869), le plus grand des critiques littéraires ; Saint Patrick (vers 389-461), patron de l'Irlande et des gens intelligents ; Charles de l'Écluse : c’est lui qui a introduit la pomme de terre en France à la fin du XVIe siècle ; Louis Blériot (1872-1936), le premier aviateur à avoir traversé la Manche ; Frédéric Sauvage (1786-1857), inventeur de l'hélice ; Antoine Watteau (1676-1721), peintre fameux ; Henri Matisse (1869-1954) : le plus grand fauve de la peinture mondiale.
Culture et traditions dans le Nord Pas-de-Calais
Ci-dessus, quelques images lors du carnaval de Dunkerque
Enfin, retenez une chose (qui nous est essentielle), le Nord Pas de Calais, c'est d'abord une grande leçon d'humanisme...
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